Après la campagne électorale française on remet ça aux Etats-Unis, puisque les américains éliront leur président dans un peu moins d'un an. Ce soir Barack Obama, candidat à l'investiture du parti Démocrate ("gauche"), tenait un meeting à San Francisco et j'y fus !
Petit rappel : Obama est Sénateur de l'Illinois (l'Etat de Chicago), il est très jeune (46 ans) et il serait le premier président noir s'il était élu. Chez les démocrates, il est toujours devancé d'une courte tête par Hillary Clinton. Les élections primaires commenceront début janvier, mais elles n'ont pas lieu dans tous les Etats le même jour ! Du coup il est habituel que les premiers Etats à voter (Iowa et New Hampshire) "déterminent" le résultat final en influençant les autres.
Passons au récit de cette belle soirée.
On découvre en arrivant la queue monstre qui part du Civic Auditorium et qui serpente sur plus de 3 blocs en s'enroulant autour de certains bâtiments. L'occasion d'user du savoir-faire français en la matière avec Olivier, le 2003 avec qui j'étais : le temps de s'incruster dans la queue à quelques mètres de l'entrée, et 20 minutes plus tard nous voilà dans la place. Après une assez longue attente, "Dieu" fait enfin irruption devant une salle comble (6000 personnes) et une foule chauffée à blanc.
Visage rayonnant, grand sourire et look décontracté - pas de cravate évidemment : Barack Obama, en chair et en os, possède un charisme extraordinaire ! Il commence par quelques blagues - première rupture avec les meetings français et n'hésite pas à plaisanter sur sa lointaine parenté avec l'actuel vice-président Dick Cheney (vous savez, celui qui vous a fait croire que l'Irak possédait des armes de destruction massive) ou sur sa couleur de peau (in every family there's a black sheep !)
Autre différence par rapport aux meetings français : on ne voit pas un candidat figé s'accrochant fébrilement à son pupitre en lisant son discours, mais un show-man seul sur un proscenium, parlant sans notes, ponctuant son discours de blagues ou de catch-phrases qui mettent systématiquement la foule en délire. Debout pas très loin de la scène avec le "kop" de Stanford, j'ai l'impression d'assister à un concert de Patrick Bruel quand j'entends crier les filles autour de moi.
Encore une différence : un speech court, pas technique et redoutablement efficace. Quelques idées-force, pas de blabla inutile. Exemples : "on ne va pas se demander comment gagner mais pourquoi gagner" (allusion à peine masquée à Hillary Clinton, plus porteuse d'une ambition que d'un projet) ; "si je suis élu président je mettrai fin à la guerre en Irak en 16 mois, je fermerai Guantanamo, je terminerai la lutte inachevée contre Al-Qaeda, j'investirai dans l'éducation et la sécurité sociale, je prendrai la tête de la lutte contre le réchauffement climatique". "Je serai le président des Etats-Unis, pas des Etats bleus plus que des rouges, encore moins des lobbies".
La guerre en Irak, clé de voûte de cette élection présidentielle ; l'éducation et la santé, véritables pierres angulaires. C'est sûr que les deux mandats catastrophiques de Bush sont comme du pain béni pour les démocrates qui n'ont qu'à se baisser pour ramasser les fruits - pourris - de la politique néo-conservatrice. Et venant de la bouche d'Obama tout paraît tellement facile, évident : pas ces querelles récurrentes ni ces débats aussi stériles qu'ennuyeux comme en France...
Une approche complètement différente de la nôtre, donc. Les meetings sont des one man shows. Enormément de monde, spécialement les jeunes, s'investissent dans les partis politiques. Un style simple, direct et tout à la fois grave et léger. Je ne sais pas si c'est mieux ou moins bien que chez nous, c'est juste très différent.
Et le meilleur pour la fin : après de longs applaudissements Barack descend de scène et se dirige vers le public pour serrer quelques paluches. Il s'approche de moi, il faut que je trouve un truc pour me faire remarquer : je hurle FRANCE STANDS WITH YOU, SIR !!!, il me regarde en rigolant et me fait une chaleureuse poignée de mains qui dure quelques secondes : le petit bonus pas prévu mais qui fait toujours plaisir !
jeudi 15 novembre 2007
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5 commentaires:
Si tu ne sais pas quoi foutre l'année prochaine, tu pourras créer (pour l'occuper)la fonction de "prime minister" aux US. Un X, ça aurait de la gueule, non ?
Ouais surtout que si je fais comme Fillon ça me fera un emploi fictif !
Pour le plaisir, on peut aussi checker http://www.barelypolitical.com/
featured/episode/Crush_on_Obama
Il est très charismatique en effet :p
bécots,
Duchatte
Qu'est-ce qu'on ferait pas pour se faire remarquer...
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