samedi 8 décembre 2007

New Orleans, la "Big Easy"

Le temps passe et je n'ai toujours pas parlé de cette semaine géniale à New Orleans pour Tanksgiving break, alors comme en ce moment je suis un peu désoeuvré (CF post suivant...) je vais y consacrer quelques minutes.

Tout d'abord voilà un petit diaporama vidéo, à voir si ça n'est pas déjà fait ! Ca vous donnera une idée de ce à quoi ça ressemble.


Bon. Après, à quoi pense-t-on quand on parle de la Nouvelle-Orléans ?

Katrina
New Orleans est encore sévèrement marquée par le cyclone Katrina qui est passé dans le coin fin août 2005. En fait, la ville est en partie construite sous le niveau de la mer (les quartiers pauvres principalement) et un système de digues et de pompes (...) la protège. Les vagues énormes créées par Katrina sont venues s'écraser contre les digues qui ont cédé par endroit, ce qui a inondé certains quartiers. Par chance, les quartiers historiques comme le French quarter ou Garden district sont intacts (ben oui à l'époque ils étaient malins, ils construisaient au dessus du niveau des eaux...).
Notre auberge de jeunesse - très sympa d'ailleurs, je vous la recommande, ça s'appelle India House Backpackers Hostel - était dans un quartier qui a pris assez cher et on avait parfois l'impression qu'il y avait eu la guerre un jour plus tôt.

En fait, c'est surtout au niveau de la population que Katrina laisse encore des marques. D'un million d'habitants, on est passé à 300000 : plein de gens ont quitté la ville et de nombreux buildings/maisons sont aujourd'hui inoccupés. Du coup le tourisme s'est pris une grande claque, comme nous l'ont expliqué plusieurs personnes. La plus grosse crainte pèse sur les joueurs de jazz, car de nombreuses familles de musiciens depuis 7, 8, 9 générations ou plus ont dû déménager faute de public : du coup leurs enfants n'habitent plus New Orleans, ne vont plus dans les bars où on joue du jazz, et la tradition risque de s'arrêter. L'ambiance dans la ville s'en ressent et les multiples groupes de jazz qui jouaient dans les rues ont tout bonnement disparu.

La plus française des villes américaines ?
Le quartier français est à proprement parler espagnol, donc c'est pas vraiment ça : disons plutôt que c'est une ville clairement typée européenne.

À cause de l'urbanisme, pour commencer. On y trouve de vrais quartiers bien délimités, avec pour le quartier français une continuité des façades et une certaine harmonie architecturale : l'exact contraire d'un alignement de buildings sans cohérence et sans âme comme on le voit trop souvent dans les villes américaines. Cependant le style colonial, fier, majestueux voire impérieux avec ses imposants balcons aux décorations en fer forgé, alterne parfois avec le style créole, plus modeste, coloré et fantaisiste.

Côté urbanisme toujours, la place centrale (Jackson Square), symétrique et orientée vers le Mississippi, est aussi clairement européenne dans son organisation. Même le nom de la cathédrale, Saint-Louis, est français - nous sommes ici en terre protestante, donc oubliée la litanie des saints ! A ce titre, New Orleans fait une fois de plus figure d'exception.

Pour la cuisine, ensuite, qui est loin d'être aussi dégueulasse que dans le reste du pays. La cuisine locale est un mix entre traditions créoles et acadiennes (cajun en anglais - ces derniers ont été chassés du Canada et sont venus s'installer ici). Précisons aussi qu'un créole n'est pas quelqu'un des îles, mais un français né dans les colonies. Donc pour en revenir à la cuisine, ça donne des plats très épicés, souvent à base de fruits de mer, et c'est très bon. Ils ont aussi du bon café (la pause café a été inventée ici !), des pralines, des beignets, bref que des bonnes choses.
Seule exception : les boissons sont infâmes. Le hurricane, cocktail local à base de rhum, est d'autant plus inbuvable qu'on vous le sert dans des verres gargantuesques dont même un régiment de bédouins revenant d'un mois de désert ne viendrait pas à bout. Les frozen daiquiris n'échappent pas à la règle, quant à la bière locale, l'Abita, ben comment dire... c'est une bière américaine, ça suffit pour comprendre que c'est pas fameux !

La vie nocturne
Encore une exception au grand savoir-faire américain en la matière, puisque les bars ne ferment pas à 2h du mat, sont fumeurs et la plupart ne vérifient pas les cartes d'identité. Pour un peu on se croirait à la maison !
Alors comme tous touristes qui se respectent nous sommes allés traîner sur Bourbon Street dès le premier soir en quête de cette ambiance jazzy comme on la voit dans les films, et au lieu de ça on s'est retrouvés en plein Las Vegas ! Bourbon St est devenue tellement touristique que ce n'est plus qu'une enfilade
de bars à strip-teaseuses, de vendeurs de hot-dogs et de daiquiri shops aux enseignes fluo du plus bel effet. Au milieu de tout ça surnagent encore quelques bars avec des concerts, mais généralement pas du jazz.
Après discussion avec des locaux on s'est rendu compte que LA rue authentique de New Orleans, c'est Frenchmen Street, quelques centaines de mètres plus loin. Très peu de touristes, des concerts de qualité dans chacun des nombreux bars de cette rue. Le genre d'endroits où l'on peut voir Lionel Baptiste (une légende du jazz local) débarquer à l'improviste dans un bar en plein concert, attraper le micro et commencer à chanter tranquillement ! Cependant, comme je l'ai déjà écrit, la tradition a pris du plomb dans l'aile après Katrina et ça commence seulement à repartir.

Ci-dessous une petite vidéo du Rebirth Brass Band, LE groupe en vogue assez délirant, qui mélange joyeusement du jazz, de la soul, du funk voire du hip-hop par moments. Le résultat est assez unique en son genre mais vraiment excellent (admirez la transition "Stand by me" / "I'll be watching you" !)



Quoi d'autre ?
On pourrait rajouter plein de choses : par exemple que New Orleans est la ville d'Un tramway nommé désir, l'excellent film d'Elia Kazan (d'après la pièce de Tennessee Williams) avec Marlon Brando, et que depuis le tramway est toujours le même ! Que le côté sombre de New Orleans, c'est son taux de délinquance qui a longtemps été le plus haut de tout le pays (impossible de marcher hors du quartier français la nuit !) et sa pauvreté endémique, plaie ouverte et purulente des Etats-Unis si cruellement révélée par Katrina. Ou encore que New Orleans est la capitale du voodoo, cette "religion" importée du Bénin par les esclaves, avec tous ses grigris et son folklore. Et enfin que New Orleans est avant tout une ville du Sud et qu'on peut visiter pas mal d'anciennes plantations de canne à sucre le long du Mississippi, comme Oak Alley Plantation ci-dessous avec sa belle maison coloniale.


Le mot de la fin...
Quoi de mieux que sa devise pour résumer ce qu'est New Orleans ? Une ville complètement unique, libertine, artistique et insouciante, où le temps s'écoule lentement... bref, "laissez les bons temps rouler !"

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