L'Emmerdeur est un mexicain de petite taille qui porte un gros engin sur son dos, lequel engin, en plus de souffler de l'air par un long tuyau, sert aussi à faire un bruit épouvantable - on se demande d'ailleurs à quoi il est le plus efficace. Bref, L'Emmerdeur est donc payé (j'imagine) par Stanford pour se balader une fois tous les deux jours de manière plus ou moins erratique sur le parking en bas de chez moi avec son truc sur le dos pour évacuer les feuilles mortes qui il est vrai, en ce quasi-début de printemps, perturbent fortement le trafic.
Commençons par noter que L'Emmerdeur et son engin ne font que repousser les feuilles sur le trottoir ; et comme celles-ci sont gentilles, évidemment, elles restent sagement en place quand il y a du vent et prennent bien soin de ne pas se retrouver soufflées sur le parking pour éviter à L'Emmerdeur d'avoir à tout recommencer. Bref vous l'aurez compris, L'Emmerdeur et son machin à décibels, c'est un peu Sisyphe et son rocher.
Ajoutons au passage que comme L'Emmerdeur maîtrise à la perfection la direction que prennent les feuilles lorsqu'il les souffle, il n'a jamais besoin de repasser deux fois au même endroit, ce qui diminue l'effort à fournir. On mettrait juste moitié moins de temps avec un balai, mais ce dernier a été sacrifié pour l'occasion sur l'autel du progrès technologique.
Ensuite - et là c'est plus comique - L'Emmerdeur est infatigable et travaille même lorsqu'il n'y a pas de feuilles (ce qui est le cas depuis à peu près 3 mois). En ce moment on a surtout de l'eau par terre, et L'Emmerdeur, très consciencieusement, passe son temps à essayer d'orienter cette eau vers le caniveau avec son sèche-cheveux géant. Et bien évidemment le résultat est plutôt celui d'un gamin s'agitant dans une pataugeoire : il en met absolument partout (principalement sur les voitures, dont la désormais fameuse Julmobile lorsqu'elle est dans le coin) mais au final il n'y a pas moins d'eau sur la route.
Il n'empêche, L'Emmerdeur est toujours fidèle au poste, de préférence le plus tôt possible le matin quand je dors encore, ou alors en début d'après-midi quand j'essaie de travailler, ce qui me vaut à chacun de ses passages l'immense plaisir d'entendre, pendant environ une heure, le son limpide et mélodieux de sa machine à faire du bruit. Et comme il a récidivé voilà quelques heures alors que j'essayais d'écrire mon papier d'éco, je me suis décidé à vous raconter cette petite anecdote de ma vie quotidienne ; si je ne partage pas les nuisances sonores, je vous livre au moins mes états d'âme !
Mais cette description ne serait rien sans l'indispensable séquence vidéo shootée mercredi dernier qui vous permettra au passage d'admirer la magnifique vue qu'offre ma chambre. Observez bien L'Emmerdeur, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi je trouve qu'on dirait juste un type bourré...