La Patagonie, c'est la preuve que Dieu existe et qu'il est éclairagiste.
La Patagonie, ce sont d'abord des paysages de steppes qui s'étendent a l'infini. Mais pas seulement : on trouve les mêmes steppes sur le Plateau du Colorado, et elles n'ont pas la même magie.
Ce sont également des ciels incroyables : on croirait parfois que certains nuages ont d'abord été dessinés à grands traits rageurs avant que les aspérités ne soient estompées et les contours gommés pour en faire des objets mystérieux qui peuplent le ciel et complètent le paysage.
Ce sont enfin des lumières divines qui réussissent toujours à percer la couche nuageuse pour venir parachever le tableau et lui donner un air mystique...
Fin de journée à El Chalten :
Aux alentours de Rio Gallegos :
Le glacier Perito Moreno, l'un des rares à ne pas régresser : il gagne 2m par jour en amont, et en perd autant en aval par des effondrements spectaculaires au fracas monstrueux :
En revenant à Puerto Natales (Chili) :
Sur la route d'El Chalten :
jeudi 29 janvier 2009
Devinette
Quelle est, à votre avis, la nationalité la plus représentée parmi les backpackers qui arpentent les chemins d'Amérique du Sud ?? Je paye un coup au gagnant quand je le/la revois (Sophie tu es hors-concours, évidemment... mais je peux quand même te payer un coup si ça te dit !)
J'attends vos réponses avec impatience !
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lundi 26 janvier 2009
Trek à Torres del Paine
Par où commencer, tant ces derniers jour ont été intenses ? Tout d'abord je vais bien, je suis arrivé il y a peu à El Calafate, en Patagonie argentine, après un trek de 4 jours dans l'un des parcs nationaux les plus connus de l'Amérique du Sud : Torres del Paine. 4 jours intégralement passés dans des paysages de cartes postales pour faire le circuit le plus classique dit du "W" : imaginez non pas un "W" mais deux "u" collés par la barre du milieu, ou un "E" couché sur la gauche, et vous aurez grosso modo la topographie des lieux. Chacune des 3 branches verticales s'enfonce dans une vallée alors que la barre horizontale relie ces vallées en longeant de superbes lacs aux eaux turquoises.
Comme le hasard fait bien les choses je suis tombé dès le début sur Adrien, un français super sympa avec qui j'ai fait les 2/3 du trek (lui faisait le même parcours en 5 jours, j'ai donc du presser le pas sur la fin pour finir en 4). Et puis le long du chemin on croise toujours les mêmes personnes ce qui permet de sympathiser un peu.
Nous attaquons donc mercredi par "le coin d'en bas à gauche" pour faire la première "branche", qui en 16 km nous emmène camper dans une forêt juste au-dessus d'un superbe glacier, le Glaciar Grey. À quelques centaines de mètres plus bas se trouve une impressionante mer de glace aux reflets bleutés, et j'en ai le souffle coupé alors que l'on y contemple le coucher de soleil.
Le chemin est parsemé des arbres typiques de la région, surnommés arboles banderas (les arbres drapeaux) à cause de leur forme due aux vents :
Jeudi, nous redescendons cette "branche" pour aller camper en bas de la deuxième. On refait le même chemin à l'envers, mais les paysages sont tellement différents selon que l'on regarde dans une direction ou dans l'autre que ça n'est pas gênant du tout. En 23 km avec une pause bouffe à un autre camping (admirez la vue !) nous arrivons au Campamento Italiano où nous passons encore une nuit frisquette.
Vendredi, troisième journée - la plus chargée pour moi puisque nous faisons l'aller-retour dans la branche du milieu et que je dois quitter Adrien pour rejoindre le bas de la troisième branche (celle de droite, pour ceux qui suivent pas...) : 30 km au total. Les courbatures et les douleurs dues au sac commencent à se faire sentir - eh oui, 4 jours en autonomie complète ça pèse un peu. Heureusement qu'il y a des torrents partout pour ne pas avoir besoin de trop se charger en eau.
Bref, cette branche du milieu s'appelle la Valle Francés et est celle qui m'a le plus plu. Elle aboutit, après 700m de dénivelé, à une sorte de grand cirque entouré de barres rocheuses et de glaciers : absolument splendide, d'autant qu'à notre arrivée les sommets déchirent les nuages avant que le soleil ne finisse par percer. C'est féérique dans les deux cas.
Je poursuis seul en longeant un grand lac qui m'amène au prochain campement. Le paysage se mue de haute montagne en plaines et collines patagoniennes, et j'arrive avec les lumières magiques de fin de journée, béat de fatigue mais heureux.
Samedi fut une journée un peu différente : après trois jours de soleil exceptionnel, la pluie était apparue ainsi qu'un vent à décorner tous les cocus de la région. Je suis quand même monté jusqu'au mirador qui permet de voir le massif emblématique du parc : Las Torres (les tours, en français), trois pics de granite turgescents dont la cime était cachée dans les nuages. Et bam, encore 20 km dans les pattes.
J'ai lutté comme jamais pour arriver en haut, mais j'ai fini par terminer ce circuit du "W" avec un sentiment mixte de joie intense et de tristesse de retrouver la civilisation. On était tellement bien dans la forêt, vivement le prochain trek !
Comme le hasard fait bien les choses je suis tombé dès le début sur Adrien, un français super sympa avec qui j'ai fait les 2/3 du trek (lui faisait le même parcours en 5 jours, j'ai donc du presser le pas sur la fin pour finir en 4). Et puis le long du chemin on croise toujours les mêmes personnes ce qui permet de sympathiser un peu.
Nous attaquons donc mercredi par "le coin d'en bas à gauche" pour faire la première "branche", qui en 16 km nous emmène camper dans une forêt juste au-dessus d'un superbe glacier, le Glaciar Grey. À quelques centaines de mètres plus bas se trouve une impressionante mer de glace aux reflets bleutés, et j'en ai le souffle coupé alors que l'on y contemple le coucher de soleil.
Le chemin est parsemé des arbres typiques de la région, surnommés arboles banderas (les arbres drapeaux) à cause de leur forme due aux vents :
Jeudi, nous redescendons cette "branche" pour aller camper en bas de la deuxième. On refait le même chemin à l'envers, mais les paysages sont tellement différents selon que l'on regarde dans une direction ou dans l'autre que ça n'est pas gênant du tout. En 23 km avec une pause bouffe à un autre camping (admirez la vue !) nous arrivons au Campamento Italiano où nous passons encore une nuit frisquette.
Vendredi, troisième journée - la plus chargée pour moi puisque nous faisons l'aller-retour dans la branche du milieu et que je dois quitter Adrien pour rejoindre le bas de la troisième branche (celle de droite, pour ceux qui suivent pas...) : 30 km au total. Les courbatures et les douleurs dues au sac commencent à se faire sentir - eh oui, 4 jours en autonomie complète ça pèse un peu. Heureusement qu'il y a des torrents partout pour ne pas avoir besoin de trop se charger en eau.
Bref, cette branche du milieu s'appelle la Valle Francés et est celle qui m'a le plus plu. Elle aboutit, après 700m de dénivelé, à une sorte de grand cirque entouré de barres rocheuses et de glaciers : absolument splendide, d'autant qu'à notre arrivée les sommets déchirent les nuages avant que le soleil ne finisse par percer. C'est féérique dans les deux cas.
Je poursuis seul en longeant un grand lac qui m'amène au prochain campement. Le paysage se mue de haute montagne en plaines et collines patagoniennes, et j'arrive avec les lumières magiques de fin de journée, béat de fatigue mais heureux.
Samedi fut une journée un peu différente : après trois jours de soleil exceptionnel, la pluie était apparue ainsi qu'un vent à décorner tous les cocus de la région. Je suis quand même monté jusqu'au mirador qui permet de voir le massif emblématique du parc : Las Torres (les tours, en français), trois pics de granite turgescents dont la cime était cachée dans les nuages. Et bam, encore 20 km dans les pattes.
J'ai lutté comme jamais pour arriver en haut, mais j'ai fini par terminer ce circuit du "W" avec un sentiment mixte de joie intense et de tristesse de retrouver la civilisation. On était tellement bien dans la forêt, vivement le prochain trek !
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dimanche 18 janvier 2009
C'est un roc... C'est un pic... C'est un cap !
Ça y est, c'est un Cap-Hornier fraîchement adoubé qui vous écrit ! Récit d'une semaine fort sympathique dans des coins grandioses avec les quatre saisons qui défilent plusieurs fois par jour, entourés de phoques, dauphins, pingouins, pétrels, cormorans et - c'est mon coup de coeur de la semaine - d'albatros au vol majestueux.
Le bateau
Tari II, un 40 pieds à coque alu en forme (c'est assez rare pour être signalé), à la ligne typique des voiliers des années 70 : étrave inclinée, entrées d'eau pincées, arrière étroit, coque légèrement frégatée. Je m'en rendrai compte plus tard, mais la bête n'est clairement pas un foudre de guerre : 110 degrés bord sur bord en pipant au max, on fait mieux ! L'état des voiles n'aide pas. Tout est costaud, et on voit clairement qu'on a affaire à un bateau de voyage et pas de cabotage ni de régate : winches surdimensionnés, capote rigide en alu (indispensable), cockpit fait pour tailler la route plus que pour manoeuvrer, et 2 dévidoirs de 150m d'aussières de part et d'autre du mât pour sécuriser les mouillages et servir de traînards le cas échéant. Rien d'esthétique, que du "trop fort n'a jamais manqué" ; d'ailleurs tous les voiliers du coin obéissent au même précepte.
L'équipage
Mickie, le skipper, un argentin très sympa, et Pablo, son équipier qui a mon âge. Pour les autres passagers, un groupe de 5 italiens débonnaires - dont un ancien contre-amiral avec plein d'histoires à raconter. L'assurance de ne jamais s'ennuyer !
Journal de bord : lundi 12
Nous passons des heures aux douanes argentines pour régler la sortie de territoire avant de quitter Ushuaia et de mettre le cap sur Puerto Williams, distant de 25 milles, pour faire les formalités d'entrée sur le territoire chilien.
Petite explication : Ushuaia est en Argentine, mais le Cap Horn est au Chili et on n'entre pas comme on veut dans les eaux territoriales chiliennes, d'autant qu'on navigue sur un canal - le canal Beagle - et qu'on se fait forcément intercepter si on ne passe pas par la douane. 5h de nav au moteur (pour cause de pétole totale) nous voici à Puerto Williams, 2000 habitants, qui est véritablement la ville la plus australe du monde.
Nous nous amarrons à couple du bateau d'Isabelle Autissier, qui revient du Cap Horn, le temps de faire les formalités. Quelques heures plus tard nous repartons pour Punto Toro, un minuscule port à 25 milles à l'Est. Toujours pas de vent.
"- Bonne nav !, me lance Isabelle alors qu'on met les gaz.
- Mouais, avec une pétole pareille on est encore bons pour 5h de moteur !
- Fais gaffe, ici tu sais jamais ce que tu vas avoir !"
Et de fait, une heure plus tard nous avions une vingtaine de noeuds de brise portante... D'une manière générale le temps change continuellement et de manière très rapides ; par conséquent les paysages offrent sans cesse de nouveaux visages suivant la lumière qui les éclaire et on en prend plein les yeux. Nous arrivons vers 2h du mat à Punto Toro.
Mardi 13
Nous traversons la Bahia Nassau, qui sépare le Canal Beagle du chapelet d'îles dont fait partie le Horn. Une cinquantaine de milles d'abord au portant. Je prends la barre pour embouquer le passage Washington, qui au début ressemble à ça :
10 minutes plus tard un beau grain à 30 noeuds arrive, et on ne tarde pas à récupérer une bonne houle du Pacifique d'environ 2m. Ça prend tout de suite cette gueule-là (moins sympathique de prime abord) :
Nous mouillons en fin de journée à Puerto Maxwell, au milieu d'un paysage splendide.
Mercredi 14
Le jour de gloire : nous passons le Cap Horn par un temps de demoiselle ! D'abord une dizaine de noeuds de SW, fraîchissant à 20, nous poussent tranquillement vers le Sud de l'Île Horn et son caillou emblématique, massif sculptural et effrayant marquant le bout du monde.
Par un heureux hasard je récupère la barre au moment de passer la longitude du Cap, et je peux vous dire que je n'ai jamais autant apprécié barrer un veau ! Voilà bien-sûr LA photo de la semaine :
Nous faisons le tour de l'île avant de débarquer côté Nord pour aller dire bonjour au gardien du phare qui vit seul avec sa famille. Celui-ci me dit que le vent maximum enregistré sur l'île est de plus de 150 noeuds ! Nous repartons sous 20 noeuds pour aller mouiller à la Caleta Martial, un autre site superbe.
Jeudi 15
Traversée de la Bahia Nassau dans l'autre sens (en direction du Nord, donc) par un vent de force variable (entre 15 et 25 nds) mais de direction bien établie pour nous faire c****, à savoir plein Nord. Une journée de près sous un ciel déclinant toutes les palettes de gris imaginables avant de mouiller près de Punto Toro, où nous avons passé notre première nuit.
Vendredi 16
Réveil pénible à 6h du matin par un fort vent de SW et une vilaine houle qui rentre dans la baie : le mouillage dérape et nous sommes à 30m des côtes, il faut partir en vitesse. Nous trouvons refuge à Punto Toro où nous allons passer la journée sans pouvoir naviguer, le temps de laisser passer une sale dépression avec des vents de 80 noeuds dans la Bahia que nous avons traversée la veille !
Je n'ai jamais vu le baromètre aussi bas. Pas grave, je finis le bouquin de Julie (passionnant) et je dévore 100 ans de solitude (merci Xavier !). Nous profitons du pêcheur local pour manger d'excellents fruits de mer, et encore une fois je ne cesse d'admirer les lumières changeantes sur le Canal Beagle.
Samedi 17
Opérations douanes, mais en sens inverse : d'abord Puerto Williams pour sortir du Chili, puis Ushuaia pour entrer en Argentine. Encore une journée de près par un bon vent d'Ouest (25-30 noeuds, un peu plus dans la nuit). Nous arrivons à 2h du mat' à Ushuaia.
Voilà pour le récit de cette semaine ; au programme de la suivante, quelques jours ici puis départ pour le Chili et le parc naturel Torres del Paine pour un trek de quelques jours.
¡Hasta luego!
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dimanche 11 janvier 2009
El fin del mundo
Me voici arrivé au bout du monde, dans une petite bourgade charmante quoi qu'un peu paumée au doux nom d'Ushuaia. Ma première impression a été dans l'avion durant la descente, une fois qu'est apparu la terre après avoir percé la petite couche de nuages d'altitude : "mais qu'est ce que je fous là ?" Les paysages sont grandioses, magnifiques et cauchemardesques à la fois. C'est aussi difficile à décrire qu'à photographier tant les lumières sont spéciales et n'existent pas ailleurs (et tant mon talent en la matière est limité, avouons-le aussi...)
Concernant la ville, je m'imaginais un truc façon station scientifique australe, quelques cabanes de couleurs colorées et puis c'est tout. Ça a peut être été le cas il y a un certain temps, mais aujourd'hui Ushuaia est plutôt la Courchevel de la Terre de Feu, si vous voyez le genre. Plus de 10000 habitants, des boutiques sympas avec des prix qui le sont tout autant : pour le côté sauvage il faudra repasser.
J'ai retrouvé un bateau bien connu fièrement mouillé au milieu de la baie : PRB de Vincent Riou en escale forcée après le sauvetage de Jean Le Cam dans ce Vendée Globe dont on connaît déjà le vainqueur. Comme vous pouvez le constater il y a comme un truc qui manque, qui fait que le bestiau marche beaucoup moins bien.
J'embarque demain pour une semaine de voile à destination du Cap Horn : prochaines nouvelles dans 8 jours minimum.
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