mardi 3 mars 2009

Trek d'El Choro

NB : j'ai choisi les photos un peu au pifomètre parmi plus de 300, il est malheureusement possible que ce ne soient pas les meilleures...

Max et Valérie se souviendront que je les avais saoûlés pour faire le trek d'El Choro lors de notre passage ici il y a 2 ans. Malheureusement je n'avais pas fait d'émules, donc pas question de laisser passer cette deuxième chance ! Sauf que maintenant c'est la saison des pluies et que je n'avais pas tout à fait anticipé ce petit point de détail...

Le trek d'El Choro part de la Cumbre au-dessus de La Paz à 4700m d'altitude, au coeur de la Cordillera Real, monte à presque 5000m et descend jusqu'à Chairo, village situé à 1000m d'altitude au coeur des Yungas, cette chaîne de montagnes qui sépare la Cordillère de la forêt tropicale. Le chemin fait un peu plus de 70 km et suit une ancienne voie pavée Inca qui existe encore sur la plupart du parcours. J'ai décidé de le faire sans agence, car ça coûte beaucoup moins cher et comme le trek est facile, un guide n'est pas indispensable.

Le lendemain de mon arrivée à La Paz je pars donc la fleur au fusil et le sac bien rempli, assez optimiste car il fait beau. Le minibus me dépose à la Cumbre et là je réalise que ça va être pêchu d'emblée : on est dans les nuages, on ne voit pas à 50m, il pleut et il a neigé toute la nuit, on voit mal le chemin, bref rien d'optimal. Je m'engage quand même dans l'ascension initiale avec un plan griffoné par le garde du parc. : avec cette neige gorgée d'eau l'idée de garder les pieds au sec n'aura été qu'une belle utopie qui n'aura pas vécu plus de 2 minutes. À part quelques paysans promenant leurs lamas, je ne crois personne. Je pensais rencontrer du monde sur le chemin mais j'en serai pour mes frais : personne n'a été assez barge pour commencer le trek par un temps pareil.


Une fois passé le sommet je suis soulagé en voyant une éclaircie dans la vallée qui révèle des paysages superbes.


Malheureusement je vais vite déchanter : en fait je vais passer la journée dans les nuages, sous la pluie, sans visibilité et par un froid glacial. Pour couronner le tout la voie pavée glisse comme 3 patinoires, quand elle n'est pas tout simplement submergée par un torrent de boue. J'essaie de profiter néanmoins du peu de paysage que je vois : le chemin passe près de ruines incas, puis traverse quelques villages d'une extrême pauvreté et très isolés.


Les guides disent qu'il suffit de suivre le chemin pour ne pas se perdre : j'ai donc réussi l'impossible, à savoir ne pas voir le boulevard qui s'ouvrait devant moi et préférer un petit chemin escarpé qui montait sur le côteau. Je me rends compte de mon erreur sans savoir où j'ai pu louper le chemin, j'avance, je reviens, je traverse la broussaille vers ce que je crois être le chemin et qui n'est qu'une clairière sans issue, bref j'en ai plein les bottes et la nuit va tomber dans moins d'une heure. Je commence à chercher un spot pour bivouaquer au milieu de nulle part quand miracle, je retrouve le chemin ! Et j'arrive au pas de sénateur, mais content, à Challapampa où je monte ma tente sous l'appenti d'une mamie adorable - bien que je ne comprenne pas un mot de son baratin en Quechua.


Je me couche tôt et complétement vanné, mais je ne suis pas au bout de mes peines : réveil 2h plus tard, les yeux qui pleurent comme des madeleines et qui piquent, impossible de les garder fermés. Je comprends immédiatement ce qui m'est arrivé en me souvenant de ce que m'a dit le garde le matin : "sans lunettes de soleil, tu vas avoir mal aux yeux !" De fait je me suis brûlé les yeux avec la neige et la lumière laiteuse et diffuse à l'intérieur des nuages contre laquelle je n'ai pris aucune précaution. Je pars donc le lendemain en voyant complètement trouble, avec les yeux qui n'en finissent pas de pleurer.


Le chemin continue de descendre et très vite il fait plus chaud et la végétation devient plus tropicale et plus épaisse.


Point positif, il n'a pas plu pendant la nuit donc l'eau a cessé de transformer le sentier en torrent. Cependant les pavés restent humides et glissants, et dans une superbe figure libre sur pierre mouillée (ça sonne comme un titre de tableau de Dali, non ?) je me vautre et explose un bâton : c'était déjà casse-gueule avec deux, ça devient compliqué avec un seul... Mais au moins il fait à peu près beau et les paysages (du moins ce que j'en vois) sont grandioses.


Je fais ma pause déjeuner au village de Bellavista, dont l'entrée est barrée par une barrière. Plutôt que de tenter de l'ouvrir, je trouve plus rigolo d'essayer de la contourner par la colline : je m'enfonce dans les ronces et finis par rentrer dans le village par le toit d'une grange, fichant une frousse bleue à un pauvre veau qui dormait là. La vue vaut le coup :


Il me reste encore quelques heures à marcher, et ça n'en finit pas de monter et de redescendre. Avec les yeux qui voient flou, les pieds qui macèrent dans le jus, un genou qui commence à faire des trucs bizarres, un sac qui me fait mal et des pavés qui me font tomber, j'en ai franchement marre. J'arrive exténué à Sandinalli après environ 9h de marche. Là je vais planter ma tante chez un japonais, Tamiji Hanamura, la star de ce trek. Ce vieillard plus bossu qu'Ésope vit comme un hermite dans une petite maison qu'il a construite dans les années 60 après avoir baroudé un pe partout dans le monde. Ses connaissances géographiques sont impressionnantes et il s'amuse à me nommer les fromages français et à situer toutes les villes correspondantes sur une carte.


Je pars le lendemain pour une dernière journée qui devrait être plus tranquille avec 4h30 de descente pour arriver à Yolosa. Le paysage au réveil est encore une fois magique, avec des chapelets de nuages qui s'égrènent le long des crêtes.


Je profite au maximum de cette dernière journée, d'autant plus que je commence à revoir un peu mieux et que la météo est plus qu'agréable. Cela dit je suis fatigué, j'ai mal partout et je lutte pour arriver à Yolosa sur cette route qui n'en finit pas.


Je finis par y arriver et je grimpe dans le premier camion à destination de La Paz, camion transportant des bouteilles de bière - qui, ironie du sort, sont vides... L'occasion d'emprunter la nouvelle route Coroico-La Paz qui remplace la fameuse "route la plus dangereuse du monde" (et qui est bien plus jolie), de voir comment on change la roue d'un camion, et de prier pour que l'énorme éclat dans le pare-brise en face de moi, qui ferait peur même à Monsieur Carglass (au moins 15 pièces de 2€, c'est vous dire), ne m'éclate pas à la figure - et il tiendra bon. J'arrive entier mais tout rouillé à La Paz pour quelques jours de repos bien mérités !

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Indiana Jones tu connais... Tu ne nous avais pas dit qu'un clone existait. Et en plus cela ne se termine pas en sirotant une petite bière...dommage car celle là aurait été la meilleure de ta vie !
Et bien tu n'est pas obligé de trop récidiver dans des contrées prochaines ou alors entraîne avec toi d'autres fêlés !! Parole de mère...

Anonyme a dit…

Aïe pour la faute...c'était pour voir si tu suivais bien..Mais t'inquiète je compte sur toi pour n'en laisser échapper aucune! Bisous sans rancune

Les parapluies de Bergen a dit…

Sympa le style "j'ai les joues un peu rouges"

Paul Cormier a dit…

Toujours aussi fou la Pompe
J apprecie les photos ou on voit tes yeux exploses!

Anonyme a dit…

C'est quoi la prochaine galère, tu te fais piquer ton sac pendant que tu te baignes...

GH a dit…

La Pompe, péchu tout ça ! L'image du japonais en train de pointer Epoisses sur une carte est incroyabe... Quand rentres-tu en France ? Si nous pouvons nous croiser à Paris, j'aurai des milliards de conseils à te demander pour mes 7 semaines an Amérique du Sud... Enjoy ! Gabriel

Anonyme a dit…

@ maman : la prochaine récidive c'est pour le Machu Picchu, donc tu me pardonneras !

@ Paul : et encore, j'en ai trouvé des pires. On croirait que j'ai 20 ans de plus et un cancer de la peau...

@ Véro : la dernière en date c'est que je me suis fait voler mon portable, on peut prendre des paris sur la prochaine !

@ Gab : commence par lire "100 ans de solitude" si c'est pas déjà fait. Je serai en France à partir du 10/4, on se voit avec plaisir !

Louis-Marie Jacquelin a dit…

La pompe, il est trop bon ton article! T'en a chié comme un russe, mon cochon, je vois que tu profites à fond de l'Amérique latine... Mais je suis bien d'accord avec toi, le jeu en vaut la chandelle : je pense que dans 100 ans il y a aura le "Raid La Pompe", qui suivra tes traces dans tous ces coins paumés, pour voir comment que c'était, au 21ème siècle, les vacances!

Continue comme ça, c'est comme ça qu'on t'aime!

Stanford Psycho a dit…

Le "raid la pompe"... excellent ! :)